Dynastie mandchoue des Qing 清 (1644 – 1911) – seconde partie
- 鄭燮 Zhèng Xiè (1693 – 1765)
- Le bambou des pierres
- Les cruels fonctionnaires
- Sur l’air d’« En souvenir d’une charmante suivante »
- Sur l’air d’« En souvenir d’une charmante suivante »
- Sur l’air de « Le printemps au Parc de la Ch’in »
- « En souvenir d’une charmante suivante »
- 倪瑞璇 Ní Ruì Xuán (1702 – 1731)
- En entendant les grenouilles
- 袁枚 Yuán Méi (1716 – 1798)
- Quand j’ai poussé la fenêtre
- Sous l’inspiration
- Sur l’air de « Tout un fleuve de rouge »
- La quinzième nuit de décembre
- Depuis le nord du Bois d’Osmanthes quand la Li atteint L’Élan Prospère
- Aux Canaux des Sables
- Derniers mots
- Le Pic de l’Épi de Fleurs Singulier
- Une marche en montagne - Odelettes mélangées
- 曹雪芹 Cáo Xuĕ Qín (1716 ? – 1763 ?)
- Complaintes des fèves rouges
- 蔣士銓 Jiăng Shì Quán (1725 – 1785)
- Écrit sur une peinture
- 黃景仁 Huáng Jĭng Rén (1749 – 1783)
- Dans la trame enchevêtrée du souvenir
- Jour de printemps, regard depuis le pavillon
- Soir d’automne
- La vingtième nuit
- Pour étreindre un reflet – L’enceinte intérieure de la capitale
- Sur l’air d’« Un parfum dissipé »
- Sur l’air de « La plainte de la Dame Éclatante »
- Sur l’air d’« Une affreuse servante » - Lento
- Sur l'air de « Le génie des bords du fleuve »
- Sur l’air de « La belle de Yu »
- Sur l’air d’« Un parfum dissipé »
- Sur l'air de « Souvenir d’une beauté de Qin »
- Sur l’air d’« Un boddhisatva d’ailleurs »
- Sur l’air d’« Un cheval dans le vent »
- Au jardin des noix, levé dans la nuit
- Une nuit de printemps en entendant une cloche
- En entendant le coucou
- Perspective du soir
- Arrivée de nuit à l’auberge
- 林則徐 Lín Zé Xú (1785 – 1850)
- Mélanges lyriques d’au-delà des passes – Morceau choisi
- Impressions au sortir des Passes des Gorges Splendides – Composition en vers
Note sur le poète
Yuan Mei 袁枚 est l'un des écrivains les plus originaux de son temps. Docteur à vingt-quatre ans, il se fit beaucoup apprécier comme sous-préfet à Shuyang 沭陽 en 1743-1745 par son souci du bien-être des plus modestes. Face à une situation sociale et économique déplorable, il ne se contenta pas de dénoncer sans détour l'incurie des officiels corrompus, mais il prit des mesures : tout en contrôlant strictement l'administration sous ses ordres, il allégea les impôts, fit dispenser aux plus précaires des aides alimentaires, se préoccupa des activités agricoles et artisanales, régula les marchés ; ainsi la situation s'en trouva rapidement améliorée.
Par la suite, il abrégea volontairement sa carrière officielle à trente-deux ans pour se consacrer à la vie littéraire dans le « Jardin Sui » 隨園 qui avait appartenu à la famille de Cao Xueqin 曹雪芹, l'auteur du Rêve dans le pavillon rouge, aux portes de Nankin. Auteur fort apprécié par ses contemporains, il y vécut aisément de sa plume en y recevant ses amis et disciples et autres lettrés de passage, faisant de cette villa un centre littéraire et une école de poésie. En particulier, il y conseillait en ce domaine des jeunes femmes qu'il encourageait et dont il édita à ses frais plusieurs florilèges d'œuvres. Ce féminisme en avance sur son temps encourut la réprobation de beaucoup de ses contemporains, d'autant que Yuan Mei était indiscutablement un hédoniste : diverses concubines se succédèrent et sa réputation de libertin bisexuel a subsisté jusqu'à nos jours.
En matière de principes poétiques, il insista sur les sentiments personnels (selon la théorie du xingling 性靈) de préférence à toute règles imposées et aux conventions littéraires issues des époques précédentes . Ce parti pris se reflète très bien dans ses œuvres poétiques, dont l'expression très personnelle est à la fois naturelle et originale, et souvent pleine d'humour. Il rédigea aussi au fil des jours des notes qui reflète sa culture littéraire et son scepticisme devant les croyances traditionnelles, sans chercher toutefois à développer théories et hypothèses.
Son œuvre est considérable : il écrivit plus de 4000 poèmes, mais également des essais, notamment un traité de poésie, un recueil de contes de fantômes malicieusement intitulé « Ce dont Confucius ne parlait pas », un recueil de cuisine fort apprécié en son temps, et des récits de voyage.
Note sur le poète
Lin Zexu 林則徐 est, de façon très symbolique, le dernier poète à figurer dans cette anthologie de la poésie tardive : le XIXème siècle est en effet celui du déclin définitif de la civilisation classique chinoise, incapable de trouver en elle-même la capacité de rayonner dans un monde ouvert, ceci en grande partie pour des raisons politiques : drame qui persiste jusqu’à aujourd’hui, malgré le grand talent et le dynamisme du peuple chinois.
Lin Zexu est en effet celui, considéré aujourd’hui comme un héros national chinois, qui fit saisir et détruire à Canton en juin 1839 vingt-mille caisses d’opium (plus de mille tonnes) importées de façon illégale par des commerçants anglais. Au nom de la protection de ses intérêts commerciaux, l’empire britannique ne trouva rien de mieux que d’envoyer sa flotte pour contraindre la Chine à accepter l’importation massive d’un poison aux effets dévastateurs sur sa population : ce fut la première guerre de l’opium (1839 - 1842). La dynastie mandchoue des Qing, intellectuellement figée dans son despotisme, fut incapable de résister à ces pressions, et débuta ainsi l’interminable déchéance d’un sous-continent qui ne s’en est vraiment relevé, dans les conditions très discutables que nous connaissons, qu’après l’an 2000.
Issu d’une famille modeste qui lui dispensa néanmoins une éducation soignée, mandarin à 26 ans en 1811, Lin Zexu fut intégré d’abord à l’Académie Hanlin. Il occupa ensuite différents postes administratifs jusqu’à devenir gouverneur général du Hunan et du Hubei en 1837 où il prit des mesures rigoureuses contre le commerce et la consommation d’opium, à la suite duquel il fut envoyé dans le Guandong comme commissaire impérial à la fin de 1838.
Disgracié suite à la tournure des événements, Lin Zexu fut exilé pendant cinq ans au Xinjiang, où furent écrits les deux poèmes présentés ici.